Défiant la censure moderne, Vanessa Beeley prendra la parole à Montréal le 10 décembre. Par Robin Philpot

La liberté d’expression sur la Syrie aura été mise à rude épreuve ces dernières semaines : pas moins de trois universités au Canada (l’Université de Winnipeg, l’Université de Montréal et l’Université Saint-Paul à Ottawa) ont refusé  de permettre la journaliste indépendante Vanessa Beeley de prendre la parole pour présenter un autre point de vue sur la guerre contre la Syrie qui fait rage depuis près de 9 ans. S’ajoute aux universités le Syndicat des Métallos à Toronto, la Palestine House à Mississauga. 

La bonne nouvelle, c’est que Madame Beeley prendra la parole à une grande Assemblée publique à Montréal le mardi 10 décembre à 19 h au Centre Saint-Pierre, 1212, rue Panet (Métro Beaudry). Aussi, elle a pu parler à une assemblée à Ottawa, le dimanche 8 décembre à la Bibliothèque d’Ottawa et elle prendra la parole à la Millenium Library le 12 décembre prochain.

Cette censure n’est pas sans rappeler la tristement célèbre Loi du cadenas qui s’appliquait au Québec de 1937 à 1957 et qui interdisait la location ou l’utilisation de quelque lieu que ce soit pour la diffusion des idées communistes ou bolchéviques. 

La différence aujourd’hui, c’est qu’ils n’ont même pas besoin de législation pour empêcher la libre circulation des idées, des informations et des points de vue sur des sujets comme la Syrie. La propagande de « grands » médias, dont La Presse ou la HuffPost Québec, suffisent à la tâche. 

Les deux « journalistes » en question, Agnès Gruda de la Presse et Émilie Clavel du HuffPost, n’arrivent pas à la cheville de Vanessa Beeley, dont la feuille de route en est la preuve. Journaliste et photographe, Mme Beeley travaille depuis 2015 sur le terrain partout au Moyen Orient – Syrie, Égypte, Irak et Palestine – tout en suivant de près la guerre au Yémen. En 2017, elle a été finaliste pour le prestigieux prix Martha Gelhorn pour journalisme. Le journaliste Robert Parry qui l’a emporté. En 2018, Le British National Council for the training of Journalists a nommé Vanessa Beeley l’une des 238 journalistes les plus respectés au Royaume Uni.  En 2019, elle a reçu le Prix Serena Shim qui souligne son intégrité journalistique inébranlable.

Pour sa part, Agnès Gruda se plaisait à se faire photographier avec un djihadiste à Brega, dans l’est de la Libye, dans la guerre visant à renverser le gouvernement libyen et à assassiner le président Kadhafi? Elle a trouvé cela rigolo. Mais quand on connait les conséquences de cette guerre pour la Libye, pour l’Afrique, notamment le Mali, le Niger et le Burkina Faso, mais aussi pour l’Europe, on voit à quel point ce n’est pas rigolo du tout. Notons qu’elle a affiché cette photo sur sa page Facebook jusqu’au mercredi 4 décembre, jour où elle l’a supprimée. Est-ce qu’elle sentait la soupe chaude après avoir lancé toute sortes d’accusations à Vanessa Beeley.

Quant à Émilie Clavel, Kevork Almassian, journaliste syrien basé en Allemagne, lui a répondu : « Vanessa has more credibility than you. While you sit in front of your Macand drink coffee, she goes from town to town in my country. » 

La censure devient de plus en plus évidente. Newsweek a refusé de publier un article de son journaliste Tarek Haddad qui aurait présenté des informations importantes tirées de la lettre de la OIAC (Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques) . Tarek Haddad, un journaliste avec des principes, a démissionné de son poste le 6 décembre et promet de publier les informations sur d’autres plateformes. 

Les informations sur la supposée utilisation d’armes chimiques, le prétexte de Washington pour bombarder la Syrie, Vanessa Beeley en parle dans sa présentation et travaille d’arrache pied pour les faire connaître. 

Robin Philpot

La source originale de cet article est Mondialisation.caCopyright © Robin Philpot, Mondialisation.ca, 2019